Omar Porras

Metteur en scène, acteur, pédagogue installé à Genève avec sa compagnie le Teatro Malandro.
Formé à l’interprétation et à la danse, nourri de grands maîtres asiatiques et européens, Omar Porras mixe les traditions théâtrales et les codes de jeu pour créer sa propre démarche, mondialement reconnue et saluée par des distinctions prestigieuses. En tant que metteur en scène, il signe des créations au théâtre et à l’opéra. Elles voyagent en Europe, tout comme en Asie et en Amérique latine.
À Genève, en 1990, Omar Porras fonde le Teatro Malandro.

« Le théâtre est l’endroit au monde où l’ordinaire peut devenir extraordinaire. »

Omar Porras

Biographie

Né à Bogota en Colombie, Omar Porras se forme à la danse et au théâtre au cours de diverses expériences artistiques.

À Paris, il suit des cours à la Sorbonne et travaille à la Cartoucherie de Vincennes ; à Pontedera (Italie), il fréquente le Work Center de Grotowski. Au cours de ces années d’apprentissage, où il se consacre avec succès au théâtre de rue, il accumule un savoir pratique et théorique qu’il continuera de développer. C’est en 1990 qu’il fonde à Genève le Teatro Malandro, centre de création, de formation et de recherche où il développe une démarche créative très personnelle. Sa technique théâtrale, axée sur le corps du comédien, sa projection dans l’espace et l’utilisation de masques, s’inspire à la fois de la tradition occidentale (notamment de la biomécanique) et orientale (théâtres balinais, indien et japonais).

Le 1er juillet 2015, Omar Porras prend la direction du Théâtre Kléber-Méleau à Renens qu’il baptise TKM Théâtre Kléber-Méleau pour marquer son arrivée. Ce théâtre construit dans une ancienne usine à gaz du quartier de Malley était dirigé par son fondateur, Philippe Mentha, depuis mai 1979. Omar Porras poursuit le travail dans ce lieu dans le même esprit artisanal, en lui conservant son âme si particulière tout en y apportant son esprit de troupe et son expérience.

Mises en scènes

D’Ubu Roi (Le Garage – Genève, 1991) aux Fourberies de Scapin (création au Théâtre de Carouge-Ateliers de Genève, 2009), Omar Porras mêle l’art de l’acteur et de la marionnette à la danse et à la musique ; il place le mouvement au centre de sa recherche théâtrale, dans un travail d’harmonisation entre l’acte et la parole.
Dès ses débuts, le metteur en scène se tourne vers les grands textes, en explorant aussi bien les auteurs du passé – Faust de Marlowe (1993), Othello de Shakespeare (Comédie de Genève, 1995), Les Bakkhantes d ’Euripide (2000), Ay! QuiXote d’après Cervantès (Théâtre de Vidy – Lausanne, 2001) et aussi Pedro et le Commandeur de Lope de Vega (Comédie Française-Paris, 2006), Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht (Théâtre Forum Meyrin, avril 2007) – que les modernes et les contemporains – La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt (1993 et 2004), Strip-tease de Slawomir Mrozek, Noces de sang de García Lorca (1997). Il a signé la mise en scène d’El Don Juan d’après Tirso de Molina en japonais avec la troupe jaopnaise du SPAC au Shizuoka Performing Arts Center. Sa création, autour de la figure historique de Simon Bolivar, célèbre en 2010 le bicentenaire de l’indépendance colmobienne et les 20 ans de la Compagnie. A l’occasion du World Theater Festival under Mt. Fuji 2011, qui se déroule à Shizuoka, au sud de Tokyo, Omar Porras présente Solo Bolivar, un solo qu’il interprète accompagné de quatre comédiens-chanteurs japonais. En 2011-2012, Omar Porras signe deux nouvelles créations avec le Teatro Malandro : L’Eveil du printemps d’après Frank Wedekind et une pièce chorégraphique avec Guilherme Botelho de la Compagnie Alias : Les Cabots. En hiver 2012, il poursuit sa collaboration avec le SPAC, en créant une version détonante de Roméo et Juliette d’après Shakespeare : pour ce projet, il s’immerge plusieurs mois au Japon et travaille avec la troupe du SPAC. La distribution réunit alors des acteurs européens du Malandro et des japonais, pour un spectacle bilingue, véritable melting-pot artistique, où les combats de sabre, les codes du nô et du kabuki rencontrent la fibre baroque à la touche kitsch-rock d’Omar Porras. Tandis que le spectacle tourne en France et en Suisse, en automne 2013, Omar Porras signe La Dame de la mer d’après Henrik Ibsen, créé au Théâtre de Carouge-Atelier de Genève le 18 octobre. Le succès de cette création lui vaut d’être sélectionné parmi 8 autres productions helvétiques à la première édition des Rencontres du théâtre suisse. Celles-ci se déroleront à Winterthour en mai 2014.

En 2014, il recrée pour la 3ème fois la pièce emblématique du Teatro Malandro : La Visite de la vielle dame de Friedrich Dürrenmatt au Théâtre de Carouge – Atelier de Genève. En janvier 2015, il recrée également L’Histoire du soldat de C. F. Ramuz et Ygor Stravinski au Théâtre Am Stram Gram de Genève.

Le 14 mars 2017, il crée Amour et Psyché d’après Molière sur le plateau du TKM Théâtre Kléber-Méleau à Renens, première création dans le théâtre qu’il dirige depuis juillet 2015.

En septembre 2017, il reprend Roméo et Juliette  avec la troupe du SPAC et le Teatro Malandro reprennent  sur le plateau du TKM Théâtre Kléber-Méleau

S’il est fondé sur le texte, le théâtre d’Omar Porras ne s’y soumet pas pour autant servilement : l’adaptation joue un rôle central dans le processus de création du Teatro Malandro. Le texte, pour être l’objet de libres explorations de la part des comédiens et du metteur en scène, doit s’émanciper de tout carcan littéraire et s’ouvrir à l’improvisation, désacralisant la lettre pour mieux jurer fidélité à l’acte théâtral.
Acteur

En tant qu’acteur, Omar Porras a joué dans plusieurs de ses créations, ainsi que sous la direction de Claude Stratz dans Ce soir on improvise de Pirandello (1999), où il interprète avec panache le rôle du metteur en scène Hinkfuss et en 2017, il joue le rôle de Krapp dans La dernière bande de Beckett au TKM, mis en scène par Dan Jemmett.

En janvier 2019, il crée et joue son propre rôle dans Ma Colombine, sur un texte  inspiré par ses souvenirs d’enfance en Colombie et écrit pour lui par Fabrice Melquiot . Ce spectacle fait un triomphe au Festival d’Avignon la même année.

2020, marquera les 30 ans du Teatro Malandro, sa compagnie et pour immortaliser cet anniversaire, Omar Porras adapte avec Marco Sabbatini Le Conte des contes Il Cunto de li cunti, ou Pentamerone, Ecrit en dialecte napolitain en 1634 par Giambattista Basile. Ce spectacle sera créé le 17 mars sur la scène du TKM à Renens.

Spectacles musicaux et Opéras

Ses compétences musicales et l’importance de l’univers sonore dans ses spectacles l’ont aussi conduit à mettre en scène des spectacles musicaux tels que Alas pa’ volar avec Angélique Ionatos, qui rend hommage à la vie et à l’œuvre de Frida Kahlo (Théâtre Forum Meyrin, Théâtre de la Ville – Paris, 2003), et L’Histoire du soldat d’Igor Stravinsky et de Charles Ferdinand Ramuz (Théâtre Am Stram Gram – Genève, 2003 ; Théâtre de la Ville – Paris, 2004).
En 2006, dans le prolongement de ces premières incursions musicales, Omar Porras aborde l’univers de l’Opéra en mettant en scène deux œuvres : L’Elixir d’amour de Donizetti à l’Opéra national de Lorraine (tournée à l’Opéra de Rennes, au Théâtre de Caen, au Grand Théâtre de Reims et à l’Opéra National de Bordeaux) et Le Barbier de Séville de Paisiello au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles, repris à l’Opéra de Lausanne en 2007. En 2007 il est invité par le Grand Théâtre de Genève pour mettre en scène La Flûte enchantée de Mozart. Il a récemment crée La Périchole d’Offenbach au Théâtre du Capitole de Toulouse, reprise à l’Opéra National de Bordeaux et à l’Opéra de Lausanne. A l’opéra de Lausanne, il signe en 2011, la mise en scène de La Grande Duchesse de Gérolstein d’Offenbach.

Automne 2019, Omar Porras met en scène et crée au Théâtre de Caean, l’opéra Coronis zarzuela en deux journées de Sebastián Durón (1660-1716) créée pour la première fois vers 1701-1706 sur le livret d’un poète anonyme, chanté en espagnol, surtitré en français.

Formation

Attaché à la transmission et à la formation des jeunes générations, Omar Porras conçoit l’enseignement comme une recherche perpétuelle dans une relation de réciprocité qui nourrit aussi bien l’enseigné que l’enseignant. Parallèlement à ses mises en scène, il dirige régulièrement des ateliers pour comédiens et pour danseurs professionnels (notamment à l’ESAD – Ecole supérieure d’art dramatique de Genève ; à la Manufacture – Haute école de Théâtre de Suisse romande ; à l’ESAD de Paris ; à l’Atelier de Paris – Carolyn Carlson ; à l’ARTA – Association de Recherche des Traditions de l’Acteur, Paris). Ces ateliers sont axés sur le travail de l’acteur et du jeu masqué, ainsi que sur la conscience du geste comme vecteur de sens et de la respiration.

Prix

En 2014, Omar Porras reçoit le Grand Prix suisse de théâtre, l’Anneau Hans Reinhart, pour l’ensemble de sa carrière. Cette distinction, décernée par l’Office fédéral de la culture, est la plus haute dans le domaine du théâtre en Suisse. Plusieurs autres récompenses jalonnent son parcours : sa Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt a obtenu le Prix romand des spectacles indépendants en 1994, et Pedro et le commandeur de Lope de Vega s’est vu doublement nommé aux Molières 2007 dans les catégories Meilleur spectacle public et Meilleure adaptation. Cette même année, la Colombie lui a attribué l’Ordre National du Mérite, et, en 2008, la Médaille du Mérite Culturel.

A deux reprises, Omar Porras a été désigné comme Candidat au Prix Europe Nouvelles Réalités Théâtrales avec le soutien de l’Union Européenne.

Méthode et formation

La démarche d’Omar Porras, basée sur le mouvement du corps et sa projection dans l’espace, s’inspire à la fois de la tradition occidentale (la biomécanique) et orientale (les théâtres balinais, indien et japonais).

Comme l’athlète, l’acteur doit entraîner son corps et en étudier la plastique, grâce à une large palette d’exercices. Des exercices qui visent à une meilleure connaissance des mécanismes et des capacités de récupération de l’organisme humain.

S’il est fondé sur le mouvement, le théâtre d’Omar Porras n’en néglige pas pour autant la parole. Le texte a même, en tant que matière première, une place privilégiée dans sa recherche. L’œuvre sélectionnée, libérée de tout carcan littéraire, est d’abord soumise à l’improvisation des comédiens pour mieux explorer ses potentialités théâtrales. Tout au long de cette longue phase préparatoire, la mise en scène et l’adaptation subissent des modifications plus ou moins radicales, en fonction du travail effectué sur le plateau; et ce, jusqu’aux dernières répétitions, parfois jusqu’à la générale et même au-delà. Le texte ainsi obtenu entre en totale symbiose avec la création théâtrale dont il résulte et il ne peut plus en être dissocié, désacralisant la lettre pour mieux jurer fidélité à l’acte théâtral. Le stage, l’atelier, le laboratoire deviennent, dans un tel contexte, les instruments essentiels de la formation et de la recherche.

Interprétation

Nombreux sont les aspects à explorer en vue de l’interprétation des textes :

  • la présence de l’acteur et la conscience que celui-ci a de l’espace;
  • le développement de l’improvisation;
  • la manipulation de masques.

Ces derniers jouent un rôle capital aux yeux d’Omar Porras : utilisés librement et selon les besoins du projet artistique, ils participent intimement à la construction dramatique des personnages.

Démarche

Le metteur en scène place au centre de sa recherche créative les artisans du spectacle et leur inventivité :

  • l’adaptation du texte;
  • la mise en scène;
  • la scénographie;
  • la conception des costumes et des lumières;
  • la musique;
  • l’interprétation

sont conçus directement – organiquement – sur les planches.

Une telle démarche n’est possible que si tous les artisans du spectacle mettent leurs compétences en commun : qu’ils soient comédiens, techniciens ou musiciens, ils assistent en principe à toutes les répétitions, dans la mesure où chacun peut apporter une contribution parfois décisive au spectacle qui est en train de se construire.

Comme Omar Porras aime à le rappeler, le travail de compagnie se fait en compagnie.

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