Teatro Malandro et le SPAC présentent leur re-création de « Bolivar: fragments d’un rêve » : « Solo Bolivar »
Ce spectacle mis en scène et interprété par Omar Porras, accompagné de quatre comédiens japonais a été joué en première mondiale les 2 et 3 juillet 2011, au Shizuoka Performing Art Center (SPAC) .
Pourquoi une re-création?
Vendredi 11 mars 2011, le Japon est frappé par des tremblements de terre d’une rare intensité, dont un séisme d’une magnitude 9, suivi d’un tsunami dévastateur. Une des plus grandes centrales nucléaires au monde, située à 225 km de Tokyo dans la province de Fukushima, ne résistera pas aux forces dévastatrices de ces deux catastrophes naturelles.
A cette même période, tandis que l’archipel nippon est ravagé, le Teatro Malandro invité au World Theater Festival under Mt. Fuji par le SPAC, doit confirmer sa participation avec son spectacle Bolivar: fragments d’un rêve. Un spectacle composé, en tournée, d’une équipe artistique de 11 personnes et d’une équipe technique de 6 personnes.
Une décison doit être prise, rapidement. Les informations, permettant d’assurer la sécurité des collaborateurs du Teatro Malandro, sur place, sont contradictoires. Faut-il prendre le risque de les exposer à des dangers sanitaires importants? Faut-il sombrer dans la démence médiatique et renoncer à toute collaboration artistique?
Omar Porras, Genève le 11 mars 2011:
L’Ange exterminateur. Je lutte contre la catastrophe, contre l’empêchement, contre le malheur du hasard. Le caractère apocalyptique avec lequel on nous décrit l’état du Japon devient un révélateur de nos peurs. Comme un nuage qui grandit, je sens mes collègues s’éloigner peu à peu du désir de continuer notre rêve de Bolivar.
Qu’est-ce qui nous fait peur ? Je me demande… Tous les corps et la matière de notre spectacle s’éloignent comme sur Le Radeau de la Méduse. Moi, je récupère mon désir, j’alimente ma volonté et je vois un Bolivar se faire tout seul. Une conversation avec Satoshi Miyagi , au milieu d’une crise, au sein d’un cataclysme et une nouvelle œuvre vit : nous voulons nous rencontrer, nous voulons nous revoir et nous savons lui et moi que de l’Apocalypse et de la Fin, le théâtre est aussi un révélateur, le théâtre est aussi un sauveur.
Avec quatre acteurs japonais et quelques objets, nous décidons de continuer la quête. Bolivar n’est plus aujourd’hui seulement un Latino-Américain, Bolivar est aujourd’hui tous les hommes. Bolivar, c’est nous-mêmes. Bolivar est aussi japonais.
Omar Porras, Shizuoka le 28 juin 2011:
Comme une petite araignée rouge, le soleil grimpe le ciel de Nihondaira. Il me réveille… L’humidité de la rosée m’offre le parfum du thé vert. Je bois à ta santé Vie ! Je bois à ta santé Théâtre ! Dans quatre jours et quelques heures aura lieu au « Grand Ship » la naissance d’un nouveau spectacle – alors qu’il y a quelques semaines, la peur ne faisait voir que la Fin. Voilà, le Théâtre m’a encore une fois sauvé la vie…
Ainsi est né Solo Bolivar.