Guilherme Botelho et Omar Porras en « chiens » de la scène

Le chorégraphe et le metteur en scène frottent leur savoir-faire dans « les Cabots » à Meyrin. Longtemps, ils se sont reniflés. Le Brésilien et le Colombien. L’un et l’autre nourris des mouvements du corps et explorant des champs artistiques limitrophes.

Le hasard – s’il existe – a en effet voulu que le chorégraphe Guilherme Botelho et le metteur en scène Omar Porras soient tous deux associés au Théâtre Forum Meyrin. « Ce lien a généré entre nous une attention particulière de l’un pour l’autre et notamment pour nos créations respectives », explique le second, qui sort d’un radieux Eveil du printemps.

Ensemble, ils ont donc conçu Les cabots, duo saisissant et quasi « beckettien » qui mêle le théâtre de l’absurde et le burlesque américain des années 1920, en passant par la danse, le cirque et le pantomime. « C’est l’occasion de bouger nos styles et nos imaginaires, hors de nos sentiers ordinaires », confiaient récemment les deux hommes à Mathieu Menghini, leur conseiller artistique – avec Fabiana Medina – sur ce projet.

Qui dit « cabot » pense « comédien médiocre », mais l’ironie dissimule ici d’autres niveaux d’interprétation : le duo alterne les rôles de bourreau et d’esclave avant d’aller débusquer l’animal (toujours un peu enragé) tapi dans l’humain. Loin d’aboyer toutefois, Guilherme Botelho et Omar Porras tissent leur métaphore sur la condition nôtre en puisant dans une large palette de gestes et de rictus.

Côté décor, une table suffit pour mettre en perspective ce jeu de l’égo où l’égo, justement, ne manifeste son outrance que dans l’effondrement. En résumé, ces cabots-là sont trop indociles pour devenir animaux de compagnie mais ne rechignent pas à s’affirmer en bêtes de scène.

Lionel Chiuch

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